đ¶ââïžC’est parti pour une nouvelle balade littĂ©raire ! âïž
đŒ Aujourd’hui, c’est sur les traces de Les dieux voyagent toujours Incognito de Laurent Gounelle que je vous embarque !
đ€ Cette fois encore, c’est par le biais de ma mĂšre que j’ai eu ce livre entre mes mains (ce qui Ă©tait Ă©galement le cas avec le prĂ©cĂ©dent et premier roman de Laurent Gounelle). J’ai quand mĂȘme achetĂ© la version poche, pour pouvoir en garder un exemplaire, mais aussi et surtout pour corner les pages comme bon me semble !
Je m’en suis donnĂ© Ă cĆur joie et j’en ai marquĂ© pleeeeeins. Et tout ça m’a permis de faire une belle balade dans Paris, vers le 16e arrondissement oĂč je@ ne vais presque jamais.
đ€J’espĂšre que le rĂ©sultat vous plaira et vous donnera envie de le lire !
Ădition utilisĂ©e
Cartographie des lieux
1. Tour Eiffel
Alan Grenmor est un jeune amĂ©ricain de 24 ans qui n’a jamais eu de chance dans la vie. Las, il dĂ©cide de se jeter du haut de la tour Eiffel. Mais son projet est contrariĂ© par lâarrivĂ©e dâun homme mystĂ©rieux.
Un toussotement⊠Cela me sortit de mon Ă©tat en un instant, comme le claquement des doigts dâun hypnotiseur met fin Ă la transe de son patient. Sur ma droite, au bout de la poutrelle, se tenait un homme qui me regardait droit dans les yeux. […] Il me regarda en silence, et jâeus tout de suite lâimpression que quelque chose clochait. Il avait lâair⊠dĂ©tendu. Oui, câest ça, dĂ©tendu ! Il porta un cigare Ă sa bouche, tranquillement. Vas-y. Saute ! […] Jâai peut-ĂȘtre, dit-il aprĂšs un silence et en articulant lentement, quelque chose Ă te proposer. Je restais muet, suspendu Ă ses lĂšvres. Une sorte de marchĂ© entre nous, continua-t-il, laissant ses paroles flotter dans les airs. Un marchĂ© ? balbutiai-je. VoilĂ : tu restes en vie, et moi je mâoccupe de toi, de te remettre dans le droit chemin, de faire de toi un homme capable de mener sa vie, de rĂ©soudre ses problĂšmes, et mĂȘme dâĂȘtre heureux. […] En Ă©change, tu tâengages Ă faire tout ce que je te dirai. Tu tâengages⊠sur la vie.
2. MĂ©tro Rue de la Pompe
Lâhomme mystĂ©rieux dĂ©nommĂ© Yves Dubreuil, a demandĂ© Ă Alan de venir chez lui Ă 11h le lendemain. Il se met en route.
Ce matin-lĂ , je sortis – sans claquer la porte – et dĂ©valai les cinq Ă©tages de lâimmeuble. Je ne mâĂ©tais jamais senti aussi lĂ©ger depuis ma sĂ©paration dâavec Audrey. Je nâavais pourtant aucune raison objective de me sentir mieux. Rien nâavait changĂ© dans ma vie. Quoique, si : quelquâun sâintĂ©ressait Ă moi, et, quelles que soient ses intentions, cela suffisait peut-ĂȘtre Ă me donner un peu de baume au coeur. […] Je sautai dans le mĂ©tro, et la vue des Parisiens Ă la mine dĂ©faite, se rendant au travail comme Ă lâabattoir, faillit me rendre mon spleen de la veille. Je descendis Ă la station âRue de la Pompeâ et Ă©mergeai dans un quartier huppĂ© de la capitale.
3. Avenue Henri Martin
Alan arrive chez Yves Dubreuil qui habite au 23 avenue Henri Martin.
Il sâinstalla tranquillement et but une gorgĂ©e pendant que jâattendais dâapprendre quel serait exactement mon sort. Bon, Ă©coute. VoilĂ ce que je te propose. Aujourdâhui, tu vas surtout me raconter ta vie. Tu mâas dit que tu avais eu plein de problĂšmes. Je veux tout savoir. On va pas jouer les jeunes filles effarouchĂ©es, nâaie pas peur de te confier. De toute façon, dis-toi bien que jâai entendu suffisamment de choses sordides dans ma vie pour que plus rien ne me choque ni ne me surprenne. Mais, Ă lâinverse, ne te sens pas non plus obligĂ© dâen rajouter pour justifier lâacte que tu voulais commettre hier. Je veux juste connaĂźtre ton histoire personnelle. […] Il Ă©tait prĂȘt de 19h quand nous eĂ»mes Ă©puisĂ© le sujet de ma vie tourmentĂ©e. […] Je vais rĂ©flĂ©chir Ă tout ça, me dit Dubreuil dâun ton pensif, et je reviendrai vers toi dâune façon ou dâune autre pour te communiquer ta premiĂšre tĂąche. Laisse-moi toutes tes coordonnĂ©es. Ma premiĂšre tĂąche ? Oui, ta premiĂšre mission si tu prĂ©fĂšres. Ce que tu devras faire en attendant dâautres instructions.
4. Avenue de l’OpĂ©ra
Alan sort du travail et il est attenduâŠ
Je parvins Ă mâĂ©chapper vers 19 heures. Un miracle. A peine Ă©tais-je sorti de lâimmeuble, sur le trottoir de lâavenue de lâOpĂ©ra, quâun homme en blazer bleu marine mâaccosta. Une vĂ©ritable armoire Ă glace. Yeux bleus dĂ©lavĂ©s, inexpressifs, joues plates, sans pommettes. Instinctivement, je reculais dâun pas. Monsieur Greenmor ? JâhĂ©sitais un court instant avant de rĂ©pondre : Oui⊠– Monsieur Dubreil attendre vous, dit-il en me dĂ©signant discrĂštement la longue Mercedes noire Ă cheval sur le trottoir. […] DâaprĂšs ce que jâai mis en Ă©vidence hier, tu aimes bien passer pour celui qui fait des efforts pour les autres, et tu espĂšres que tu seras apprĂ©ciĂ© en retour pour tes âsacrificesâ. Et puis tu aimes aussi un peu te faire plaindre et attirer ainsi la sympathie des gens. […] je vais tâapprendre Ă obtenir ce que tu veux au quotidien. Si tu y parviens, alors tu nâauras plus Ă te poser en victime. Ăcoute, je sais que ce nâĂ©tait quâune anecdote mais tu mâas sciĂ© hier quand tu mâa racontĂ© que ton manque de chance te poursuivait jusque dans les actes insignifiants de la vie quotidienne. Tu mâas dit que lorsque tu achetais une baguette Ă la boulangerie, tu hĂ©ritais rĂ©guliĂšrement dâune baguette trop cuite alors que tu lâaimes bien blanche ! […] câest nâimporte quoi ! Ca veut dire que tu nâes mĂȘme pas capable de dire âNon, celle-ci est trop cuite, je voudrais celle dâĂ cĂŽtĂ©â. [….] De quoi as-tu envie lĂ -dedans ? reprit Dubreuil en me dĂ©signant une boulangerie. A lâinstant prĂ©sent, de rien. Absolument rien. TrĂšs bien. Alors tu vas y entrer, demander un pain, un gĂąteau ou nâimporte quoi, et quand on te lâaura donnĂ©, tu trouveras un prĂ©texte pour le refuser et demander autre chose. Tu inventeras une autre raison de refuser le deuxiĂšme, puis le troisiĂšme, et le quatriĂšme. Puis tu leur diras que, finalement, tu ne veux rien et tu ressortiras sans rien acheter.
5. Bijouterie Cartier
Deux semaines aprĂšs notre derniĂšre entrevue, Dubreuil rĂ©apparut dans des circonstances similaires Ă celles de la fois prĂ©cĂ©dente : en sortant du bureau, je vis sa Mercedes, arrĂȘtĂ©e carrĂ©ment au milieu du trottoir. […] Alors, quâest-ce que vous mâavez concoctĂ© aujourdâhui ? demandai-je, feignant une certaine assurance alors que je nâen menais pas large. Eh bien, disons que nous allons clore ce chapitre en changeant de crĂšmerie. En changeant de crĂ©merie ? Oui, on va passer de la boulangerie de madame Michu Ă un joaillier prestigieux. […] La Mercedes sâarrĂȘta le long du trottoir. […] Je pris mon courage Ă deux mains et tournai lentement la tĂȘte vers la droite. Lâimmeuble en pierre de taille se dressait lĂ , imposant. La vitrine immense sâĂ©tendait sur deux Ă©tages, magistrale, impressionnante, et au-dessus, en lettres dâor, le nom de mon bourreau : Cartier. […] Et quâest-ce que je dois faire prĂ©cisĂ©ment ? Quelle est ma mission ? Tu vas demander que lâon te prĂ©sente des montres. Tu dois en essayer une bonne quinzaine, poser plein de questions, et puis repartir sans rien acheter.
6. Bijouterie Cartier
Je poussais la porte Ă tambour en avalant ma salive. […] Bonjour, monsieur, que puis-je pour vous aider ? Elle nâavait pas esquissĂ© le moindre sourire, et je me demandai, transi, si elle se comportait selon son habitude ou si elle nâaurait pas dĂ©jĂ dĂ©tectĂ© en moi un intrus, un visiteur dont elle percevait peut-ĂȘtre quâil ne serait jamais client. Je me sentis dĂ©masquĂ©, mis Ă nu par son regard assurĂ©. Je viens pour⊠voir vos montres pour homme. […] Jâaime bien celle-ci, dis-je en dĂ©signant une montre assez grosse en or jaune. Câest le modĂšle Ballon bleu : boĂźte en or jaune dis-huit carats, couronne cannelĂ©e en or jaune, ornĂ©e dâun saphir bleu cabochon. Vingt trois mille cinq cents euros. Jâeus le sentiment prononcĂ© quâelle avait annoncĂ© le prix dans lâintention de mâinformer que ce modĂšle nâĂ©tait pas dans mes moyens. Elle se jouait de moi, mâhumiliait tranquillement. Je me sentis piquĂ© au vif, et cela me poussa Ă rĂ©agir, Ă sortir de mon Ă©tat lĂ©thargique. Elle Ă©tait loin de se douter quâelle me rendait service en me vexant. Je veux lâessayer, dis-je dâun ton sec qui me surpris moi-mĂȘme. […] Trop Ă©paisse. Je la retirai et la lui tendis nĂ©gligemment, tout en portant dĂ©jĂ mon regard sur les autres modĂšles. […] Jâeus le triste sentiment quâelle sâĂ©tait mise Ă me respecter depuis que je faisais preuve dâexigence. Je manifestai une autoritĂ© totalement nouvelle pour moi, et elle avait cessĂ© de me toiser de son regard hautain.
7. Avenue des Champs Elysées
De retour Ă mon bureau, je consultais les appels en absence. Jâavais un SMS de Dubreuil. âVient me rejoindre au bar de lâhĂŽtel Georges-V. Prends un taxi et, pendant le trajet, tu dois prendre le contre-pied de TOUT ce que te dira le chauffeur. TOUT. Je tâattends. Y. D.â […] Vous allez oĂč ? Son accent parigot me tira de ma torpeur. Pris dans mes rĂȘves, je ne lâavais pas vu arriver. PenchĂ© par la vitre, le chauffeur me dĂ©visageait dâun air impatient. La cinquantaine, trapu, chauve avec une moustache noire et un regard mĂ©chant. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi prĂ©cisĂ©ment ce jour ? Eh ! Vous vous dĂ©cidez ? Jâai pas que ça Ă faire, moi ! On va au Georges-V, bredouillai-je en ouvrant la portiĂšre arriĂšre. […] Cet homme ne savait pas parler autrement quâen beuglant. Insupportable, et inquiĂ©tant, aussi. Et cette odeur⊠Allez, encore un effort⊠Oui, mais aujourdâhui les jeunes savent quâon ne plus continuer Ă polluer la planĂšte juste pour sâamuser. Ah ! ça y est ! Encore ces conneries Ă©colo Ă la con ! Le rĂ©chauffement de la planĂšte, câest nâimporte quoi, ça. Câest des idĂ©es de mecs qui veulent vous vendre lâintelligence, alors quây zâont mĂȘme pas un Ă©chantillon sur eux. Quâest-ce que vous en savez, vous ? Cela mâĂ©tait sorti sans rĂ©flĂ©chir, pour une fois. Il Ă©crasa violemment son frein, et la voiture pila. Je fus projetĂ© sur le dos du fauteuil avant, puis rebondis en arriĂšre. Il explosa : Foutez-moi le camp ! Vous entendez ? Foutez-moi le comp ! Jâen ai marre des petits cons qui me font la morale ! DĂ©gagez !
8. HĂŽtel Four Seasons
Alan rejoint Dubreuil au Georges-V.
– Alors, raconte-moi tes prouesses ! Je remarquai quâil ne me disait jamais bonjour. Chaque fois que je le voyais, il semblait reprendre une conversation interrompue quelques minutes auparavant pour aller aux toilettes. Il commanda un bourbon, et je me rabattis sur un Perrier. Je lui dĂ©crivis la scĂšne du taxi avec moult dĂ©tails et il sâamusa beaucoup du comportement du chauffeur. Tâes tombĂ© sur un sacrĂ© numĂ©ro ! Si jâavais voulu orchestrer moi-mĂȘme une telle rencontre, je nâaurais pas rĂ©ussi Ă en trouver un comme ça ! Je lui fis part de la difficultĂ© que jâavais eue Ă exprimer des opinions contraires aux siennes, et du sentiment de libertĂ© dây ĂȘtre parvenu en fin de compte, malgrĂ© le clash